Marcher pour mieux penser
- Michele Glet
- 24 juin
- 2 min de lecture
Marcher pour mieux penser : quand le corps met l’esprit en mouvement
« Je marche donc je pense » : cette affirmation du philosophe Roger-Pol Droit résonne comme une invitation à redécouvrir un geste ancestral sous un nouveau jour. Loin d’être un simple moyen de locomotion, la marche devient ici un acte philosophique, une pratique intime du corps et de l’esprit qui permet de mieux habiter le monde — et soi-même.
Dans ses ouvrages Comment marchent les philosophes et Je marche donc je pense, Roger-Pol Droit, en collaboration avec le neurologue Yves Agid, explore les liens profonds entre déplacement physique et élévation intellectuelle. Il montre comment, de Socrate à Nietzsche, de Rousseau à Kant, la marche fut une compagne de pensée, un déclencheur d’idées, un catalyseur de réflexion. Penser en marchant, c’est laisser les idées se déployer au rythme des pas, dans une respiration commune entre le corps et l’esprit.
Cette association n’est pas que symbolique : des études scientifiques récentes confirment que la marche stimule certaines zones du cerveau liées à la mémoire, à la créativité et à la concentration. Le mouvement libère l’attention, fait surgir l’inattendu, favorise l’introspection. À l’inverse de l’immobilité souvent stérile de nos écrans, la marche invite à l’ouverture, à l’éveil, à la découverte.
Marcher, c’est aussi se réapproprier l’espace, renouer avec la lenteur dans un monde pressé. Que ce soit en ville, où chaque rue devient une page à lire, ou en pleine nature, où l’on écoute le silence des choses, la marche crée un temps à soi, une bulle de présence. Elle nous ramène à l’essentiel, à ce que Roger-Pol Droit appelle « un seul mouvement » : celui qui unit nos pas, nos mots, nos pensées.
Dans Alice au pays des idées, son dernier roman, le philosophe met en scène cette dynamique : l’errance devient cheminement intellectuel, et les détours du sentier ceux de la pensée. Comme Alice, nous sommes invités à nous perdre pour mieux nous retrouver, à suivre les traces de la philosophie avec la légèreté d’un pas libre.
Marcher n’est donc pas seulement un loisir ou une activité physique. C’est une manière d’être au monde, d’interroger son rythme, de pacifier son esprit. C’est une forme de résistance douce à l’agitation contemporaine, une posture mentale autant qu’une posture corporelle. En redonnant à la marche sa dimension philosophique, Roger-Pol Droit nous rappelle qu’elle est, peut-être, la plus humaine des activités : celle qui met en mouvement tout ce que nous sommes.
Alors, plutôt que de chercher les idées assis, pourquoi ne pas les laisser venir… en marchant ?

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